L'art de vivre sans cible !

Les jours passent, j’ai envie de faire une nouvelle vidéo, d’envoyer une newsletter mais je n’arrive décidément pas à me lancer dans les traditionnels vœux de début d’année. Y’a quelque chose en moi qui n’accroche pas, qui n’adhère pas à cela, qui ne « veut » pas car dans le fond JE ne veux rien… Aussi, quoi de mieux qu’une grande page blanche pour vous partager ce qui me traverse actuellement.

 

Déjà pour noël, ce même sentiment m’avait envahi, car à peine les portes du mois de décembre s’étaient-elles ouvertes que les messages concernant les fameux cadeaux déferlaient déjà sur le net et cela, même de la part des personnes les plus éveillées … Aussi, ma première réflexion avait été :

  • Mais comment face à tout ce qui se passe en ce moment peut-on s’engouffrer, comme si rien n’était, dans ce genre de manipulation commerciale qui n’a de cesse de nous anesthésier, nous bâillonner et nous couper de nous-même ? Sommes-nous cuits à ce point pour ne pas voir que Noël n’est qu’une énorme farce dont la dinde n’est autre que nous même ?

Pour ma part, ras le bol de faire la dinde et pour ce dernier noël je me suis fait l’immense cadeau de n’en faire aucun et de proposer à la place une réflexion sur le sens véritable du cadeau qui une fois déballé nous révèle les bonnes planques de nos conditionnements les plus ancrés…

Et puis, voilà que le jour de l’an arrive et que les premiers vœux que je reçois me font l’effet d’une véritable chape de plomb. Là encore, ma première réflexion est : Mais comment face à l’actualité, peut-on vouloir souhaiter bonne année ? Perso, si je devais souhaiter quelque chose ce serait plutôt bon courage que bonne année. Car selon moi, les énergies à l’œuvre actuellement ne nous proposent pas du tout la construction d’un nouveau monde mais l’émergence d’une nouvelle humanité. Je ne sais pas si vous sentez la différence :

  • Dans le premier cas, il s’agit de laisser s’effondrer les structures extérieures et d’en construire de nouvelles à partir de nos projections mentales, c’est à dire ce que l’on souhaite, ce que l’on veut, ce que l’on rêve…
  • Dans le second, il s’agit de vivre un effondrement intérieur, c’est à dire une véritable mise à mort dans laquelle aucune projection mentale n’est possible. C’est l’inconnu le plus total, le vide absolu… Il nous faut mourir à la forme jusqu’au fin fond de nos cellules et toute tentative de modélisation d’un nouveau monde n’est que peine perdue puisque le nouveau, quel qu’il soit, surgira du néant.

Les mutations se passent donc jusqu’au niveau cellulaire et englobe l’Être dans sa divine totalité. Dans la même veine que Sri Aurobindo, Bernard de Montréal parle carrément de la naissance d’une nouvelle race humaine. Cela nous laisse entrevoir la puissance des énergies à l’œuvre…

Alors, c’est peut-être parce que j’ai été plusieurs fois passée à la moulinette que j’ai fini par intégrer que l’art d’Aimer avec un grand A s’entrelace nécessairement avec l’art de mourir et l’art de l’instant présent.

2020 aura été pour moi l’année du grand détachement. Ceci explique certainement mon extrême sensibilité à toutes formes d’attachement ou d’enfermement et par conséquent, ma réaction quasi épidermique à ces rituels sociaux de fin et de début d’année.

Car que fait-on avec ces vœux de début d’année ? On se projette dans des formes, des objectifs, des projets, des idéaux… et ce faisant on cultive des désirs, des attentes, des espoirs mais également (car ça fait partie du même paquet cadeau) des inquiétudes, des peurs, du stress et donc forcément des jeux de pouvoir avec nous-mêmes et avec les autres… Bref, nous nous reprogrammons inexorablement dans la roue du karma et le cycle infernal des répétitions.

 


A chaque début d’année en envoyant nos vœux, avec tout l’amour et toutes les meilleures intentions du monde, on signe et on rempile pour un an ferme à répéter du même et à se cogner la tête contre les murs de notre prison intérieure.

 Cela veut-il dire que je ne rêve plus et que je n’ai plus d’intention ? Pas du tout. J‘ai et j’exprime toujours des intentions mais je ne m’identifie pas à elles, je ne m’y attache pas. L’intention est là juste pour initier un mouvement et de ce fait une réponse de la Vie. Ensuite je danse avec et peux m’orienter, si besoin, dans le sens complètement inverse… C’est ce que j’appelle l’art de l’instant présent ou encore l’art de mourir à chaque instant.

 

Ceci dit, j’avais envie de vous partager 2 messages très sympathiques que j’ai reçu en ce début d’année mais ô combien confusionnel.

Le premier message disait ceci :

  •  Avec la nouvelle année, l’heure du choix est arrivée. Choix d’être libre ou choix d’être manipulés… etc, etc.

Mais quelle part de nous croit avoir la liberté de choisir ? Notre égo. Mais si vous comprenez que l’égo ne peut choisir que dans le champ de ses propres conditionnements, alors vous comprendrez aussi la petitesse de ce soi-disant libre arbitre. Toutefois, si vous croyez encore que votre avenir ou celui de l’humanité dépends de vos petits choix égotiques, vous risquez d’être profondément déçu et vite désillusionné. Car de toute évidence, nous n’avons aucun choix face aux énergies en présence. Ni la Terre, ni le Cosmos attendent après nous pour savoir ce qu’ils ont à faire. La Vie suit son court et si nous continuons à vouloir la contrôler même avec les meilleures intentions du monde, alors nous risquons d’être essorés dans le tambour de la machine à laver !

 

Car en effet, nous supposons qu’il y a des choix meilleurs que d’autres, qu’il est préférable d’agir pour le bien plutôt que de lutter contre le mal, qu’il nous faut penser positif et avoir de bonnes intentions, que nous devons envoyer de l’amour et de la lumière pour favoriser les mutations, etc, etc, etc.

Pipi, caca, toutes ces croyances et comportements ne font que renforcer l’opposition des contraires, génèrent la guerre contre nous-même et contre la vie, nourrissent la conscience duelle et l’art de tourner en rond en répétant toujours du même !

Les stratégies de notre égo conditionné se cachent souvent derrière de très, très bonnes intentions et celle de vouloir s’éveiller à tout prix arrive en tête de liste. C’est ce qu’on appelle aussi l’égo spirituel. Et pour en avoir fait moi-même l’expérience, je suis très bien placée pour en parler !

 


Le deuxième message disait ceci :

  • C’est parti pour 2021 : Suivons la lumière, elle est là partout en nous et autour de nous !…

 Mais la Vie m’a enseigné tout autre chose et j’aurais plutôt envie de vous dire :

  • Ne vous laissez pas éblouir par la lumière, car elle est invisible avec les yeux et se trouve bien souvent au cœur de l’obscurité la plus totale !

Peut-être était-ce parce que j’étais psychiquement morte et que je n’avais plus rien à attendre de la Vie qu’il m’a été facile d’apprendre à mourir ? Mais c’est bien dans ce lâcher prise, puisque je ne trouvais pas la lumière à l’extérieur de moi, que je me suis laissé glisser à l’intérieur en me laissant submerger dans le noir absolu, en acceptant de ne pas savoir, de me perdre totalement et peut-être même de disparaître à tout jamais. C’est toujours dans les moments les plus sombres et les plus extrêmes de ma vie, dans la nuit noire de l’âme que la lumière a toujours fait son apparition et que les miracles se sont accomplis.

De cet art de mourir j’en ai fait un véritable art de vivre et j’ai compris que la Mort (c’est à dire, le monde de la non forme) n’est pas le contraire de la Vie, mais son essence profonde et ce qui la met en mouvement …  Ainsi l’Amour et la mort ont la même essence et sont inclus l’un dans l’autre.

 

Après avoir traversé diverses situations assez difficiles, comme beaucoup d’entre nous, j’ai terminé l’année 2020 d’une façon apocalyptique et dans une ultime prière j’ai imploré la source :

  • Détache-moi

Au moment où j’ai prononcé ces mots, j’ai compris que c’était le chemin que je venais de parcourir… Depuis je sens la sève d’un renouveau envahir mon cœur libre de tout attachement… Alors je ne me souhaite rien, je ne te souhaite rien, je ne vous souhaite rien !…

 

Mary M' - Le 14 janvier 2021

 


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