Sur le bout du nez !

Lasse et fatiguée de ce long voyage, je me suis arrêtée sur le bord du chemin. Il y avait là une belle prairie ensoleillée dont l’herbe verte était parsemée des premières fleurs du printemps. J’ai posé mon sac, un peu lourd je l’avoue et je me suis allongée sur le sol doux et parfumé. J’ai plongé mon regard dans le ciel bleu ou vagabondaient quelques nuages et j’ai repensé à mon voyage.

 

Il y a bien longtemps déjà que j’étais partie à la recherche du bonheur. Telle une quête du Graal, je m’étais engagée Corps et Âme dans la poursuite de cette chose si délicate et inconnue qui se trouvait très probablement à l’autre bout du monde !

  • Comment se rendre à l’autre bout du monde ?  Comment trouver cette perle rare dont je ne connaissais ni la forme, ni la couleur, ni le goût, ni l’odeur… ?

Souvent je m’étais perdue et pensant que les autres savaient mieux que moi, je n’hésitais pas à leur demander mon chemin. Très vite, je m’étais aperçue que chacun avait sa propre définition et représentation du bonheur et que pendant que l’un m’orientait vers la droite, l’autre me dirigeait plutôt vers la gauche ! Sans parler des marchands de bonheur que j’avais suivi parfois dans les méandres de puits sans fond.

 


Ainsi, j’avais parcouru des milliers de chemins, traversé des déserts, gravi des montagnes… sans jamais trouver le bonheur. Enfin, c’est ce que je croyais, lorsque soudain un papillon vint se poser sur le bout de mon nez ! Cette situation insolite me ramena brutalement dans le moment présent. J’osais à peine respirer pour ne pas faire fuir ce cadeau du ciel qui semblait me dire :

 Le bonheur est sur le bout de ton nez et tu ne le vois même pas !

 

Le papillon s’envola me laissant bouleversée. Je regardais de nouveau autour de moi, caressais l’herbe fraiche, me laissais féconder par les rayons du soleil, m’enivrais du parfum de la terre et du vent… J’étais en train de vivre un pur moment de bonheur,  je me sentais vivante et vibrante, étais-je enfin arrivée au bout du monde ?

 

 

Après quelques heures restée là, à jouir de la magie du moment présent, je me suis levée avec un immense sourire dans le cœur. J’ai laissé ce sac décidément trop lourd sur le bord du chemin et j’ai continué mon voyage dans la légèreté de l’Être.

 

J’ai compris ce jour là, que  la perle du bonheur  se trouvait  ici,  à l'intérieur de moi. Plus je la cherche à l'extérieur,  plus j'en cultive  le manque et plus j'en cultive le manque, plus je me sens vide, malheureuse et insatisfaite.

 

 

Il n'y a, en fait, rien à chercher, ni à vouloir posséder. Car le bonheur a le cœur léger, rien de tel pour le faire fuir que de lui courir après. Il se pose seulement s'il sait qu'il peut s'échapper.
Alors, lorsque l'on a compris que le Bonheur ne peut pas s'enfermer, qu'il s’enivre lorsqu'il est libre de papillonner, qu'il se trouve dans l'éphémérité de la vie, au cœur de notre sensibilité et notre capacité à la laisser circuler alors, le bout du monde n’est jamais très loin.

 


Il est juste là, sur le bout du nez, celui dont on dit qu'il a de la sensibilité et lorsqu'en enfin nous décidons de nous installer en nous-même et de ne plus bouger alors le papillon peut se poser. En clair, c'est lorsque nous arrêtons de lui courir après que le véritable bonheur se manifeste enfin 🥰 !

 

Mary Mombrun

 

 

 

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